jeudi 3 mai 2012

Jeux du cirque

Etrange comme tout le monde semble fasciné par le débat d'hier. On l'attendait en se trémoussant d'impatience, on commente avec frénésie.

Pourtant, tout le monde sait bien que c'est du théâtre. Un exercice rhétorique. Les deux combattants s'affrontent à coups de mots bien ajustés, comme au cirque.

Et le public se repaît: un pain dans la tronche de Sarko, bang! Faut dire qu'hier, il en a pris pour son grade, le pauvret. Boum! Prends ça Hollande! Et les deux zombies qui leur tenaient lieu d'arbitre-gentils organisateurs rendaient la chose encore plus extraordinaire.

Nous vivons une époque bien trop civilisée pour condescendre à avouer un quelconque goût malsain pour le sang et la tripaille. Alors on transpose: la passion soulevée par cette mascarade évoque un combat de gladiateurs à la sauce délicate. Au lieu de s'avouer franc et haut qu'on aimerait voir des types se foutre sauvagement sur la gueule jusqu'à ce que mort s'ensuive, on s'excite à zieuter presque trois heures durant les deux poulains du pays en train de s'écharper en direct. Pourtant, tout le monde sait qu'ils trempent tous les deux dans des mondes pas propres du tout, qu'ils sont le bras armé d'un système qu'ils ne dominent pas et que ce qu'ils racontent est un entrelacs subtil de vérités tronquées et de mensonges masqués.
Tout l'intérêt consiste à voir lequel des deux va faire mordre la poussière à l'autre, parce qu'il lui aura jeté au nez la bonne répartie bien à propos. Jouissif de les croire humiliés et obligés de rendre gorge. Amusant de démasquer leurs esquives. On s'y croit.

L'espace d'un instant, le peuple se venge en se figurant en position dominante. Les habituels rois ou futurs tels deviennent faillibles, ridicules, fragiles et au travers de leurs mots, plus ou moins bien sentis, on croit leur envoyer les flèches qui soulagent.

Moyennant quoi, purgés des rancoeurs passées, le bon peuple soulagé est prêt à encaisser cinq nouvelles années de turpitudes hautaines.
Jusqu'à quand?



13 commentaires:

  1. certains collègues m'ont demandé ce que j'avais retenu du débat, ils voulaient connaître mon avis sachant pertinemment pour qui allait mes faveurs électorales et qu'au premier tour mon choix ne fut pas qualifié. Ma réponse alimenta les cancans de l'atelier et j'en eu rapidement le retour par échos dans la journée.
    Un fraiseur me demanda la recette des beignets, je lui demanda ceux à 2€20 ou bien à 2€40, abricot ou choco et il me rétorqua "t'es qu'un con". Effectivement dans la confrérie j'y ai sans aucun doute ma place.

    Pourquoi à la question du matin j'ai répondu... "Oh! hier soir j'ai vu un reportage où un type expliquait sa façon de faire et vendre ses beignets sur la plage". Pour sûr ce brave type ne se présentera jamais à la fonction suprême mais lui son programme je l'ai compris sans soucis. Bon je vais me taire et continuer à réfléchir... pas pour les élections mon choix est fait et c'est le mien et je le partage.
    Bzzz...

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    1. Si les types de l'atelier te demande ton avis, c'est donc qu'ils ne te trouvent pas si con que ça.
      Quant à celui qui parle clair, il n'a pas de prix.
      Se taire et écouter les froufrous bruissants du monde....

      Des bourdons ont fait leur nid dans un de mes nichoirs, au fait. Ils te passent le bonjour.

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  2. Jusqu'à la Chute de l'Empire Romain !

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    1. Enfin, ça serait dans le genre : "vae Romanibus !"

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  4. J'ai écouté le débat à la radio... après j'ai regardé des morceaux choisis sur Dailymotion...
    Y a pas à dire en audio, c'est beaucoup plus clair... on frissonne de plaisir à chaque chevrotement...

    On ne pouvait pas voir la tête du protagoniste quand l'autre parlait.. à la radio on l'entendait s'étouffer... ha, ha,ha..

    Tu as raison, un grand moment de délectation tous les cinq ans, pour le petit peuple qui ne peut que s'écraser tout le reste du temps.

    J'ai fait un tour sur les media francophones étrangers, eux aussi se sont repus du spectacle.

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    1. Je suis curieuse de savoir ce qu'en disent les media francophones. Te sens-tu le courage de faire un petit résumé?
      Ah bon? Ça chevrotait?

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  5. Alors là : très belle analyse de la situation !!!!

    B R A V O

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  6. Merci Minijupe!
    Ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule à voir les choses ainsi.

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  7. Alea jacta est !!!
    Le petit monsieur va s'en aller... Voyons voir ce que va faire le suivant.

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    1. Bonjour Solveig! Pas mécontente que le petit monsieur cède la place. Reste à voir si le suivant sera à la hauteur. Rien n'est moins sûr.
      J'avoue que j'ai du mal à adhérer aux démonstrations de liesse d'hier. Ils n'ont pas l'air de se rendre compte du boulot de Romain qui attend le successeur.
      Oui, alea jacta est...

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  8. Le suivant va décréter, comme le veut la tradition, au moins cent jours de pain, de vin et de jeux ! Pendant qu'on picole, on ne pense pas.

    Pendant ce temps-là, la Grèce est en train de virer à tribord toute ! Ce sont avant tout des marins. On remet Sparte au goût du jour. On ferait bien par la même occasion pélagique de ne pas oublier qui sont les Grecs ! Ce sont aussi des montagnards et les Thermopyles, bien qu'il y fasse une chaleur à faire crever un lézard, montrent de quel bois savent se chauffer les Grecs quand la honneur national est bafoué !

    Le mouton grec n'est peut-être pas aussi facile à tondre que cela.

    On va avoir des surprises.

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  9. La Grèce se cherche et je ne sais pas comment on dit ça ni en latin, ni en grec.

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